
Les êtres humains ont plusieurs mémoires conscientes : une mémoire « saine », elle-même multiple, évolutive et une mémoire traumatique.
Dans le cas d’un traumatisme, l’Humain se caractérise par le fait qu’il en souffre à 2 niveaux : par le choc émotionnel, le coup et par le traumatisme engendré, c’est à dire la représentation du coup et le questionnement qui en déroule (les pourquoi ? comment est-ce possible ?).
On souffre souvent plus du traumatisme que du coup ; ce trauma altère notre mémoire et notre cerveau (en particulier les centres de gestion des émotions).
Les phases successives de gestion d’un choc émotionnel sont
Choc, Déni, Colère, Négociation, Dépression, Acceptation puis Reconstruction
Dans le cas d’un traumatisme, la personne reste à un stade d’hébétement ;
Elle ne parvient pas à traiter l’information, ne sais pas comment agir. Elle se retrouve comme « Prisonnière du Passé » avec une vie qui se concentre sur cet évènement : « je vois l’image constamment - je ne pense qu’à ça - quand je vois autre chose, ça m’y ramène ». Toute l’attention, voire la vigilance, est focalisée sur l’objet du trauma et quasiment rien d’autre. La mémoire est centrée sur un point précis, un objet, un visage, celui qui a provoqué l’émotion très forte, et le contexte, l’environnement sont eux très flous, quasi effacés.
C’est pourtant ce contexte, avec la relation au temps passé-présent-futur qui permettent l’évolution saine de la mémoire. Face à une situation ou un évènement traumatisant, l’Humain a besoin de toutes ses ressources, en particulier de son histoire, pour attribuer du sens, une émotion à ce qui a été perçu. De l’information et son traitement sont indispensables ; le langage est pour cela un outil majeur.
Quand on intègre à l’image, un récit, cela modifie la manière dont on perçoit l’image et son souvenir. La parole, la représentation différente de l’évènement font évoluer la mémoire traumatique. L’écriture est un moyen souverain en prophylaxie, comme en traitement. Le plus grand danger suite à un trauma est de s’isoler !
MLB - juin 2020
" Personne ne prétend que la résilience est une recette de bonheur. C'est une stratégie de lutte contre le malheur qui permet d'arracher du plaisir à vivre, malgré le murmure des fantômes au fond de sa mémoire." Boris Cylrulnik